Instrument
à vent de la famille des bois. Les lois de l’acoustique
sont ainsi faites qu’un tuyau sonore de perce
cylindrique sonne comme un tuyau fermé, c’est-à-dire
à l’octave inférieure d’un tuyau
conique de même longueur. C’est pourquoi la clarinette
possède, au grave, près d’une octave de
plus que le hautbois. Elle est également caractérisée
par son anche simple, une mince lame de roseau
qui, fixée à un bec, vibre contre la lèvre
inférieure de l’exécutant.
Historiquement,
la clarinette s’apparente à de nombreux instruments
à anche simple et perce cylindrique dont l’origine
se perd dans la nuit des temps, et qui se retrouvent sous
diverses formes en Extrême-Orient. Dans le monde occidental,
l’ancêtre direct de la clarinette est le chalumeau
médiéval, mais le premier instrument qui lui
ressemble vraiment est d’invention relativement récente.
C’est un facteur de Nuremberg, Johann Christoph
Denner (1655-1707), qui s’avisa vers 1690
de supprimer la capsule où était enfermé
l’anche du chalumeau, et d’ajouter au tuyau sonore
un pavillon dont la forme rappelait celle de la petite trompette
ou clarino, d’où le diminutif « clarinette
».
Avec les fils de
Denner, puis avec un grand clarinettiste originaire de Bohême,
Joseph Beer (1744-1811), l’instrument
connut des améliorations successives se traduisant,
comme pour tous les bois, par la multiplication des trous
et des clés. Elle acquit ses vertus actuelles d’agilité
et d’étendue ( 3 octaves et une sixte) grâce
au système de Theobald Böhm,
au milieu du XIX ième siècle. Mais depuis une
centaine d’années déjà, malgré
ses imperfections, elle possédait l’essentiel
de ses caractéristiques de timbre et de ses possibilités
expressives (large éventail de couleurs, du moelleux
au mordant, de son registre grave appelé chalumeau
; chaleur et brio de son registre de médium ou clairon
; incisivité et, s’il le faut, ironie de son
aigu) et avait attiré les plus grands compositeurs.
Rameau l’introduisit dans l’orchestre de son opéra
Zoroastre (1749) ; l’école de Mannheim la dota
d’un riche répertoire de soliste ; Mozart l’employa
de manière inspirée dans l’instrumentation
de ses symphonies et de ses opéras et lui confia un
rôle prépondérant dans deux partitions
d’une extrême qualité, le Concerto pour
clarinette K622 et le Quintette pour clarinette et cordes
K581.
Toutes sortes
de bois (buis, grenadille, etc.) ont servi à la construction
de la clarinette. Il y en a même eu de métalliques.
Aujourd’hui, l’ébène
est pour ainsi dire seule employée. Le modèle
le plus répandu, et de loin, est en si bémol.
Il en existe également dans les tonalités plus
hautes d’ut et de mi bémol (petite clarinette),
et celle, plus grave, de la. Dans les versions encore plus
graves, l’instrument change sensiblement de forme en
raison de ses dimensions. Le cor de basset en fa , jadis coudé
en son milieu, est de nos jours rectiligne sauf un bocal métallique
légèrement incurvé qui supporte le bec.
La clarinette
alto en mi bémol, avec son pavillon métallique
recourbé vers le haut, affecte déjà la
forme d’un « S », encore plus accusée
dans la clarinette basse en si bémol et en la. Citons
enfin une clarinette contralto (en fa et en mi bémol)
et une clarinette contrebasse en si bémol grave. |